La communication à l’hôpital est fondamentale, elle fait partie intégrante du soin du patient. Dans cette vidéo, un exemple clé : les services de néonatalogie.
Dans le discours des soignants aux parents, on peut entendre :
Il m’a fait des bêtises, il a fait des bêtises
Il a pas été gentil, il a encore tout vomi
Il a encore fait le coquin, en s’arrachant la sonde.
Cette nuit, il a fait 5 désats (baisses de l’oxygénation).
Il a fait 3 croix de pipi et 2 de caca.
La nuit s’est bien passée, à part 2 bradys et quelques apnées (ralentissements cardiaques et pauses respiratoires)
Pendant votre absence, il a pas été très sage !
A l’hôpital, les mots utilisés comptent !
Dans le cadre d’un soin, les mots sont bien plus que de simples vecteurs d’information. Ils sont essentiels pour créer un climat de confiance, rassurer, et même influencer la perception de la douleur ou de l’expérience vécue par le patient. Dans un lieu aussi chargé en émotions que l’hôpital, la manière de communiquer peut faire toute la différence. Que ce soit lors du diagnostic, d’une intervention, ou de la phase de rétablissement, les mots employés par les soignants comptent et ont un impact considérable.
La relation patient-soignant : l’importance des mots
Une communication bienveillante est le pilier de la relation patient-soignant. Les patients arrivent souvent à l’hôpital dans des moments de vulnérabilité et d’incertitude, face à des termes médicaux complexes et des procédures inconnues. Lorsqu’un professionnel prend le temps de s’exprimer dans un langage clair, de poser des questions ouvertes et d’écouter sans interrompre, il peut réduire considérablement le stress du patient.
Un discours qui minimise ou néglige les émotions du patient peut amplifier son sentiment d’anxiété ou d’incompréhension. Inversement, une communication empathique, qui inclut des explications simples et des réponses adaptées aux besoins du patient, permet de créer un espace de sécurité et de compréhension. Cette écoute attentive, ainsi que des mots bien choisis, montrent au patient qu’il est entendu et respecté dans son expérience de soin.
Communication à l’hôpital : les mots peuvent apaiser… ou inquiéter
Des études montrent que la manière dont un médecin ou un infirmier parle d’un traitement peut influencer la perception de la douleur et le processus de guérison. Un médecin qui explique le déroulement d’une intervention en évitant les termes alarmants et en utilisant des expressions rassurantes peut améliorer la coopération du patient et diminuer son appréhension.
À l’inverse, des termes techniques sans contexte ou des propos brusques peuvent déclencher un stress important. Par exemple, dire à un patient que son état est « grave » sans explications supplémentaires peut l’inquiéter, là où une phrase comme « Nous avons identifié des éléments sérieux, mais nous disposons de moyens efficaces pour vous aider » permettrait d’être honnête tout en apportant un réconfort. Ainsi, la précision des mots et le ton employés sont essentiels pour ne pas créer un climat d’inquiétude.
La douleur et les mots : l’effet placebo et nocebo
L’effet placebo – le fait qu’une intervention non active provoque un effet positif – et son pendant négatif, l’effet nocebo, illustrent à quel point les mots influencent la physiologie humaine. Des recherches ont démontré qu’expliquer un acte médical en termes positifs peut entraîner une meilleure réponse du corps. Par exemple, un patient qui croit en l’efficacité d’un traitement éprouvera souvent moins de douleur et se rétablira plus rapidement.
À l’opposé, une phrase mal choisie, même anodine, peut augmenter la perception de la douleur. Si un soignant mentionne, avant une injection, que « cela risque de faire mal », la douleur ressentie sera souvent supérieure à celle ressentie par une personne à qui l’on aura dit que « cela peut être un peu désagréable ». Le choix des mots joue ainsi un rôle crucial dans la gestion de la douleur et la confiance du patient en ses traitements.
Le langage comme outil de rétablissement
Au-delà des traitements, les mots encouragent et renforcent les patients dans leur parcours de soin. Des phrases d’encouragement peuvent susciter un état d’esprit positif et renforcer la résilience du patient face à la maladie. Lorsqu’un soignant dit à un patient « Vous êtes sur la bonne voie » ou « Votre corps réagit bien », cela stimule son espoir et lui rappelle que son rétablissement est en cours.
En plus de l’encouragement, les mots peuvent aussi guider. Un professionnel de santé qui prend le temps de donner des consignes claires et de préciser les étapes à venir dans le processus de soin aide le patient à mieux se projeter. Cette anticipation crée un sentiment de contrôle et d’autonomie qui allège l’angoisse souvent associée à l’incertitude médicale.
Former les soignants aux compétences communicationnelles
Les compétences techniques et scientifiques sont essentielles pour les soignants, mais les compétences communicationnelles le sont tout autant. Les hôpitaux et instituts de santé commencent de plus en plus à inclure la formation à la communication empathique dans les cursus des futurs médecins et infirmiers. Des ateliers de simulation, des cours sur l’intelligence émotionnelle et des séances de formation sur la gestion des conflits aident les soignants à intégrer un langage approprié dans leur pratique quotidienne.
Ces compétences ne visent pas uniquement à humaniser la relation avec les patients, mais aussi à renforcer l’efficacité des soins. Une meilleure communication réduit les incompréhensions, diminue les erreurs médicales et améliore la satisfaction du patient. En mettant un accent particulier sur le choix des mots et la manière de s’adresser au patient, les soignants renforcent la qualité des soins et la relation de confiance indispensable à un environnement de soin efficace.
Le choix des mots… dans un service de néonatologie ?
Dans le cadre d’une naissance prématurée, la communication entre les parents et le personnel
soignant est évaluée comme cruciale lors de l’hospitalisation de leur enfant. Les parents considèrent
comme très important la posture empathique et rassurante de la part de soignants, la clarté et la
transparence des informations (Jones, Woodhouse & Rowe, 2007 ; Ignell-Modé, Mard, Nyqvist &
Blomqvist, 2014 ; Koliouli, Zaouche Gaudron, Raynaud, 2016a).
Si l’équipe soignante est attentive et sensible, elle pourra accompagner au mieux la construction de
leur parentalité. La peur des répercussions que pourraient avoir leurs remarques parfois jugées
comme agressives par l’équipe soignante mais aussi la peur de recevoir des informations peu encourageantes peuvent empêcher les parents d’exprimer clairement leurs revendications ou de poser
ouvertement des questions. Certains sont hyper attentifs aux nuances du discours des médecins,
cherchant à deviner au détour d’un mot si rien ne leur est caché. Dans cette phase d’hospitalisation,
les parents se sentent plus directement responsables du bien-être et de la santé de leur enfant
(Borghini & Müller-Nix, 2008).
Les phrases à éviter :
On le nouille et on vous appelle dès que c’est fini
Quand on l’aura réchauffé, vous pourrez le prendre contre vous (bébé en hypothermie)
On enlèvera la perf dès que c’est possible (perfusion)
On attend qu’une place se libère au 8, et on le passe (transfert dans le service)
Après la réa, vous irez en néonat, puis en SMC2 pour la fin de l’hospitalisation (programme d’hospitalisation)
Vous avez tiré combien sur 24h ? (quantité de lait)
Il est remonté assez vite (respiration)
Je la branche et j’arrive
Quand le gavage sera fini on l’installera en peau à peau
Je fais les résidus et je branche l’AED (alimentation par la sonde gastrique)
Communication à l’hôpital : le cas des soins palliatifs :
Dans le cas de la « fin de vie », le partage d’informations est aussi très important dans la façon dont
les nouvelles vont être communiquées aux parents. L’étude de Gillet, O’Neil et Bloomfield (2016),
menée chez les étudiants infirmiers et de médecine, met en avant deux thématiques : les facteurs
intrinsèques et les facteurs extrinsèques qui vont faciliter ou au contraire entraver la communication
avec les familles.
Dans tous les cas, le partage d’informations dans un tel contexte est considéré comme compliqué par les étudiants. Plus précisément, les barrières qu’ils identifient concernent la difficulté de devoir affronter les parents lorsque le bébé est en soins palliatifs. Ainsi, selon eux, ils ne sont pas suffisamment formés pour se sentir compétents et pouvoir affronter un tel défi dans leur pratique. Les facteurs intrinsèques renvoient notamment à la confiance que les étudiants ont d’eux- mêmes dans ces situations complexes.
L’étude de Catlin et Carter (2002) soutient que le choix des mots de la part des soignants est d’une importance majeure pour les parents aussi bien que la manière dont le message est transmis. On doit également prévoir, le cas échéant, un interprète pour une meilleure transmission de l’information.
La communication non-verbale à l’hôpital
Communication à l’hôpital : L’importance de bien choisir ses mots
Dans un hôpital, les mots ont un impact immense. Ils ne servent pas seulement à transmettre des informations médicales, mais influencent aussi le bien-être émotionnel des patients. Souvent, les termes médicaux sont perçus comme froids et distants. Leur usage excessif peut ajouter de la confusion et du stress chez les patients. En effet, ceux-ci vivent déjà des situations difficiles et potentiellement traumatisantes. Face à cette réalité, il devient crucial de choisir des mots avec soin.
Adopter un langage compréhensible est une nécessité. Un discours simple permet aux patients de mieux comprendre leur état de santé. Cela les aide à prendre des décisions éclairées. Au-delà du patient, il y a aussi la famille, souvent présente pour soutenir. Ces proches doivent pouvoir suivre les explications données par le personnel médical. Un langage clair et bienveillant favorise une meilleure communication entre tous.
Les termes techniques, bien que précis, peuvent créer un fossé.
Ce fossé peut éloigner les patients et leur entourage du processus de soin. Ce type de langage a son importance entre professionnels, mais son utilisation face aux patients doit être mesurée. Par exemple, des termes comme « pathologie » ou « protocole thérapeutique » peuvent sembler intimidants. Ils nécessitent souvent une explication plus accessible pour être compris pleinement. Les soignants, en ajustant leur discours, peuvent apaiser les craintes et mieux accompagner.
Voir l’article sur la communication scientifique non verbale
Cette adaptation ne signifie pas simplifier à l’excès, mais plutôt humaniser le discours.
Une approche holistique de la santé invite à considérer la personne dans sa globalité. Cela inclut les émotions, les expériences de vie et les sensibilités culturelles. Un patient est bien plus qu’une pathologie à traiter. Il est un individu avec des peurs, des attentes et des besoins particuliers. L’empathie se manifeste aussi par la manière dont on parle de la maladie. Choisir des mots adaptés montre qu’on considère non seulement le corps, mais aussi l’esprit.
Communication à l’hôpital : Les pairs aidants, présents dans certains parcours de soin, sont également concernés. Ces personnes, qui ont vécu des expériences similaires, doivent pouvoir comprendre et transmettre les informations. Un langage complexe risque de les exclure de la chaîne d’accompagnement. Les aider à mieux saisir le discours médical leur permet de mieux soutenir les patients. Ici encore, des transitions douces et un langage clair facilitent l’entraide.
Cette réflexion s’applique également aux familles. Les proches jouent souvent un rôle clé dans le rétablissement. Leur compréhension de la situation est essentielle. Un vocabulaire technique mal adapté peut amplifier leur inquiétude. En revanche, un langage clair et rassurant les encourage à mieux soutenir leur proche malade. Ils se sentent plus impliqués, plus confiants, et cela profite à tous. La relation soignant-soigné en sort renforcée.
Ainsi, le choix des mots contribue directement à la qualité de l’accompagnement. Lorsqu’un soignant explique avec des termes simples et accessibles, il instaure un climat de confiance. Il permet au patient de mieux appréhender sa situation, réduisant ainsi son stress. En transitionnant vers un discours plus empathique, on s’assure que la personne en face se sent entendue. Cela renforce le lien humain, primordial dans le soin.
Communication à l’hôpital : Pour mettre en pratique cette approche, plusieurs stratégies peuvent être envisagées. D’abord, il est possible de reformuler les termes complexes. Par exemple, plutôt que de parler de « pronostic vital », on peut dire « cela pourrait affecter votre santé à long terme ». Ensuite, les soignants peuvent poser des questions ouvertes pour s’assurer de la bonne compréhension. Enfin, un dialogue constant avec les patients et leurs familles permet d’ajuster le vocabulaire au besoin.
En conclusion, bien choisir ses mots en milieu hospitalier est essentiel. Cela permet de créer un lien de confiance avec les patients, leurs proches, et les pairs aidants. Un langage simple, clair et respectueux des sensibilités contribue à un meilleur accompagnement. Cette approche humaniste participe à rendre l’expérience de soin moins traumatisante et plus inclusive. Les mots, bien choisis, peuvent soigner autant que les gestes.