La médiation scientifique, en tant que pratique visant à rendre la science accessible au plus grand nombre, joue un rôle clé dans la réduction des inégalités sociales. En facilitant l’accès aux savoirs, elle permet de démocratiser la connaissance, d’encourager l’esprit critique et d’offrir des opportunités à des publics souvent éloignés du monde scientifique.
La science comme vecteur d’émancipation sociale
L’accès à l’éducation scientifique est directement lié à des opportunités socio-économiques. Selon une étude de la Commission européenne (2018), les compétences en science, technologie, ingénierie et mathématiques (STEM) augmentent significativement les chances d’accès à des emplois qualifiés et mieux rémunérés. Or, ces compétences restent inégalement réparties, souvent en défaveur des personnes issues de milieux socio-économiques précaires.
La médiation scientifique, en mettant en place des ateliers, des conférences interactives ou des outils numériques accessibles, agit comme un pont entre les savoirs académiques et les populations vulnérables. Elle permet à ces dernières de développer un rapport positif à la science et d’en comprendre les enjeux dans leur quotidien.
Réduction des biais cognitifs et des fractures sociales
Les inégalités sociales ne se limitent pas à l’accès à l’information, elles se manifestent également dans la capacité des individus à interpréter et à utiliser ces connaissances. Les travaux de Paulo Freire sur la pédagogie critique montrent que l’éducation participative et contextualisée permet de transformer les apprenants en acteurs de leur propre émancipation.
La médiation scientifique, en encourageant l’interaction et en valorisant les expériences personnelles, peut réduire les biais cognitifs qui renforcent les inégalités. Par exemple, les actions de vulgarisation dans des quartiers défavorisés ont permis d’augmenter la confiance en soi des jeunes face aux carrières scientifiques (Avraamidou & Osborne, 2009).
Une réponse aux défis contemporains
Les crises sanitaires, environnementales et technologiques ont mis en lumière l’importance d’une compréhension collective des enjeux scientifiques. Pourtant, ces crises exacerbent également les inégalités : les populations défavorisées sont souvent les plus touchées et les moins outillées pour s’adapter.
La médiation scientifique permet de répondre à ces défis en offrant des outils concrets pour mieux comprendre et agir. Par exemple, des initiatives comme le programme « Citizen Science » de l’UNESCO impliquent les citoyens dans des recherches locales, renforçant ainsi leur sentiment d’appartenance et leur capacité à agir sur leur environnement immédiat.
Une science inclusive pour une société équitable
Pour que la médiation scientifique atteigne pleinement son potentiel, elle doit être pensée de manière inclusive. Cela implique d’adopter des approches adaptées aux publics cibles, comme des ateliers ludiques pour les enfants, des supports multimédias pour les adultes peu alphabétisés, ou encore des formats participatifs pour les populations marginalisées.
En conclusion, la médiation scientifique n’est pas qu’une simple transmission de savoirs : elle est un levier puissant pour réduire les inégalités sociales. En rendant la science accessible à tous, elle permet de construire une société où chacun peut contribuer à un avenir durable, équitable et informé.
Sources :
- Avraamidou, L., & Osborne, J. (2009). The role of narrative in communicating science. International Journal of Science Education.
- UNESCO (2020). Citizen Science and Sustainable Development.
- Commission européenne (2018). The STEM Gap: Women and Girls in Science, Technology, Engineering and Mathematics.
- Freire, P. (1970). Pedagogy of the Oppressed.