Mare et Étangs : Sauvons-les pour une Eau Dépolluée

Réduire la pollution des eaux agricoles est une priorité face aux défis climatiques et environnementaux. Parmi les solutions innovantes, les zones tampons humides artificielles (ZTHA) jouent un rôle clé en interceptant et en dépolluant les eaux de drainage avant leur retour au milieu naturel. Ces installations font partie du projet Res’Eau, soutenu par le ministère de l’Agriculture, des agences de l’eau et des collectivités locales. Ce projet réunit chercheurs, agriculteurs et partenaires pour promouvoir des pratiques agricoles plus durables.

Le projet Res’eau

En France, la pollution des eaux agricoles en milieu rural est un enjeu critique, notamment dans les zones à forte activité agricole. Les excès de pesticides, de nitrates et d’autres polluants issus des pratiques agricoles intensives contaminent les nappes phréatiques et les cours d’eau. Dans ce contexte, les mares et étangs, naturels ou artificiels, jouent un rôle écologique et épurateur essentiel.

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État des lieux de la qualité de l’eau en milieu rural

En France, 68 % des masses d’eau de surface ne respectent pas le bon état écologique requis par la Directive Cadre sur l’Eau (DCE). En milieu rural, les causes principales de pollution sont liées à :

  • Les nitrates et phosphates : issus des engrais, responsables de l’eutrophisation des milieux aquatiques.
  • Les pesticides : dont les résidus peuvent rester actifs pendant plusieurs années.
  • Le ruissellement et le drainage : qui transportent les polluants vers les rivières et les nappes phréatiques.

Ces pressions impactent directement la biodiversité aquatique et la potabilité de l’eau, notamment dans des régions comme la Normandie et la Bretagne, où les taux de nitrates dépassent régulièrement les seuils réglementaires​.

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Les mares et étangs comme outils de dépollution

Les mares et étangs, bien que souvent négligés, sont des zones tampons naturelles ou aménagées qui contribuent à limiter la propagation des polluants.

  1. Rétention des polluants :
    • Ils ralentissent l’écoulement de l’eau, permettant aux particules et polluants de se déposer.
    • Les plantes aquatiques absorbent les excès de nutriments (nitrates et phosphates).
  2. Filtration biologique :
    • Les micro-organismes présents dans les sédiments dégradent les polluants organiques.
    • Les UV naturels et l’action des bactéries participent à la dégradation de certains pesticides.
  3. Restauration de la biodiversité :
    • Les mares et étangs créent des habitats pour une faune et une flore variées, favorisant la résilience des écosystèmes face aux pollutions.

Des métabolites dans l’eau ?

Les ZTHA : Fonctionnement et Efficacité

Une ZTHA est un bassin végétalisé où les eaux polluées transitent pendant 7 à 20 jours. Cette phase permet :

  • Dégradation chimique et biologique : Les rayons UV décomposent les molécules toxiques tandis que les bactéries fixées sur les plantes absorbent les polluants.
  • Efficacité mesurée : Ces dispositifs réduisent jusqu’à 55 % des pesticides selon les caractéristiques chimiques des molécules et les conditions locales.

Études et Terrains d’Expérimentation

  1. Yvetot, Normandie : Première ZTHA régionale, en partenariat avec l’AREA et le syndicat local, pour répondre aux problématiques d’eau potable.
  2. Rampillon, Seine-et-Marne : Projet pilote dans le cadre du programme LIFE ArtWET, mené avec Aqui’Brie et Irstea. Ce site a mis en avant l’importance de la co-construction entre agriculteurs et scientifiques pour surmonter des freins socio-économiques.
  3. Bourg-en-Bresse : Une ZTHA pédagogique intégrée dans les formations agricoles et permettant un suivi des résultats sur plusieurs années.

Les Contraintes et Opportunités

Malgré leur efficacité, les ZTHA ne suffisent pas seules. Elles doivent être intégrées à des changements de pratiques agricoles, comme la réduction des pesticides. Ces zones contribuent également à la biodiversité, en restaurant des corridors écologiques dans des régions où 80 % des zones humides ont disparu au siècle dernier​

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Les Acteurs de la Recherche

Le projet Res’Eau mobilise des équipes comme celles d’Irstea (dirigées notamment par Cécile Tournebize), et des associations telles qu’Aqui’Brie. Ces collaborations visent à évaluer l’impact des ZTHA sur la qualité des eaux et à sensibiliser les acteurs locaux à leur mise en œuvre.

Ensemble, chercheurs et agriculteurs façonnent un avenir où agriculture et protection de l’eau coexistent harmonieusement. La valorisation de ces initiatives constitue une étape essentielle vers des écosystèmes résilients.

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