Valoriser la recherche : une histoire de cœur

Ce que le cœur comprend que l’esprit ne perçoit pas

Toute communication scientifique repose sur une dimension profondément humaine. Ce n’est jamais un simple transfert d’informations neutres, mais un travail collectif, qui se nourrit d’échanges, de dialogues et de coopérations. La science, pour être intelligible et pertinente, a besoin de liens entre les individus — qu’ils soient chercheurs, médiateurs ou publics.

Ces liens permettent non seulement de rendre les savoirs compréhensibles, mais aussi de les ancrer dans des réalités sensibles, qui résonnent avec les expériences de chacun. L’humain est au cœur de la communication scientifique : il transforme des données complexes en récits partagés, en métaphores accessibles, tout en permettant une relation vivante entre le savoir et le monde. Ce processus relationnel, fondé sur la confiance, l’échange et la collaboration, est la condition nécessaire pour que la science prenne sens au-delà des laboratoires.

Valoriser la recherche : chez Trois Petits Points, nous croyons que la dimension humaine de la science est cruciale pour faire émerger des formes de communication innovantes et sensibles, qui touchent les esprits et les cœurs.

De nombreux travaux portant sur les identifications et leurs évolutions mettent en jeu les émotions ressenties face à des situations sociales définies. Il peut s’agir de modifier une émotion conditionnée, de lui permettre de s’exprimer ou encore tout simplement de la nommer. Pour cela, les mots sont toujours particulièrement utiles. Mais la communication non verbale l’est tout autant, et peut-être même plus.

« Le cœur ressent ce que la bouche ne peut exprimer. » (Sanhedrin 106b) Cette citation du Talmud souligne que les significations profondes peuvent être ressenties et intégrées même si elles ne sont pas entièrement exprimées au niveau verbal.

« Les formes artistiques et littéraires induisent fréquemment des dichotomies dans leur structure, reflétant les tensions et contradictions inhérentes à la condition humaine. Ces dichotomies ne sont pas des défauts, mais des caractéristiques essentielles qui favorisent un engagement et une compréhension plus profonds. » (Barthes, R. (1977). Image, Music, Text. Fontana Press.)

Dans « l’intégration des symboles au-delà de la compréhension littérale », Cassirer (Cassirer, E. (1946)) souligne que :

« dans la communication symbolique, il est moins important que le public comprenne immédiatement chaque détail. Au lieu de cela, l’accent est mis sur l’intégration du langage symbolique, qui opère au-delà des mots et favorise une connexion plus profonde avec les thèmes et concepts sous-jacents. » (Cassirer, E. (1946). Language and Myth. Dover Publications.)

Voir l’article : la communication scientifique non verbale

L’utilisation des langages plastiques et symboliques, des mythes narratifs et visuels qui sont intelligibles par les publics ciblés, vient souvent appuyer un propos visant à transformer une identification sur un sujet social donné.

La valorisation de la recherche gagne à utiliser les codes artistiques et symboliques à bon escient. Dans notre expérience de communicants scientifiques, il s’agit souvent de penser le fond avec les équipes de recherche et les médiateurs scientifiques, mais toujours, de penser la forme en adéquation avec le public ciblé et l’identification souhaitée.

L’usage pratique d’un parti pris artistique dans la valorisation d’un projet de recherche est donc souvent utile à la communication en sciences sociales. Dès lors, il convient de réfléchir aux contraintes spécifiques à la création artistique, en ce qu’elles interviennent alors dans le processus de valorisation.

L’artiste travaille “avec” sa matière

« L’artiste ne crée pas dans le vide ; il est constamment en dialogue avec la matière qu’il façonne. La qualité, la texture et les propriétés intrinsèques de la matière influencent profondément le processus créatif et le résultat final de l’œuvre d’art. » (Gombrich, E. H. (1960). The Story of Art. Phaidon Press.)

La matière (ici, la personne interviewée, les propos des chercheurs, les histoires de vie) est donc en dialogue avec le communicant scientifique. Celui-ci travaille à partir de cette matière et, contrairement à la communication publicitaire, ne la dirige pas totalement.

Voit l’article sciences et émotions

Valoriser la recherche en interview : lors d’une interview de communication standard, le propos est décidé en avance pour coller au résultat souhaité, alors qu’en sciences sociales il s’agit de laisser la parole à la personne interviewée, de manière non dirigée. Il faudra ensuite faire avec cette matière, sans l’avoir choisie.

Mais surtout, une dialectique s’engage entre le sujet de la valorisation, le valorisateur et les chercheurs. L’artiste A récolte une matière M, celle-ci l’influence, mais il l’influence également en retour. Le chercheur C influence bien sûr le dialogue entre A et M, mais A et M influencent le chercheur en retour. Ainsi, une recherche peut également évoluer ou trouver des continuations suite à un projet de valorisation de la recherche.

Reste à trouver O, l’objet, U, son utilité sociale et R, comment réaliser l’objet de la recherche, et C l’AMOUR !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *