La transition agroécologique est aujourd’hui au cœur des débats sur l’avenir de l’agriculture. Face aux défis environnementaux, climatiques et sociaux, il est essentiel de repenser nos modes de production agricole pour mieux respecter les écosystèmes tout en assurant la viabilité économique des exploitations. L’agroécologie repose sur des principes tels que la diversification des cultures, la réduction des intrants chimiques, et l’optimisation des ressources naturelles. Ces pratiques permettent non seulement de préserver la biodiversité, mais aussi de répondre aux attentes croissantes des consommateurs en matière de qualité alimentaire.
Cependant, la question de la faisabilité économique est souvent soulevée. Peut-on concilier rentabilité et respect de l’environnement ? De nombreuses études et expérimentations montrent que la transition agroécologique est non seulement possible, mais aussi économiquement viable à long terme. Des fermes pionnières démontrent que les systèmes agroécologiques peuvent réduire les coûts liés aux intrants tout en augmentant la résilience face aux aléas climatiques et aux fluctuations des marchés. Cette transition nécessite néanmoins un soutien en termes de formation, d’investissementinitial, et un accès facilité à des circuits courts pour mieux valoriser les productions.
Il est 9 heures, Cécile, Pierre-Olivier et Florentin ont terminé la traite de leurs vaches. Depuis près de trois ans, ils ont entamé une réflexion sur la cohérence de leur système d’exploitation. La transition vers un nouveau système plus en accord avec les atouts et les contraintes de leur territoire est en cours. Elle a entraîné la participation de nombreux acteurs de la région.
Leur système d’exploitation, autrefois basé sur des pratiques traditionnelles, est en pleine transition vers un modèle plus adapté aux caractéristiques de leur territoire.
Cette évolution, amorcée grâce à la participation de divers acteurs régionaux, prend son origine lors d’une formation sur les coûts de production, où Cécile identifie des éléments problématiques.
Suite à une analyse approfondie, Cécile découvre que, malgré des niveaux élevés de lactation dans leur exploitation laitière, les coûts de production sont supérieurs à ceux de leurs pairs. Le système fourrager, largement basé sur la culture de maïs pour l’ensilage, est inefficace dans leurs terres séchantes, et l’achat de fourrages et de concentrés, essentiels pour des performances laitières élevées, engendre des coûts élevés.
Cela marque le début d’une remise en question profonde. Pas à pas, ils repensent complètement leur système, en mettant davantage l’accent sur la valorisation de l’herbe, en phase avec la nature de leurs terres de côteaux. Cécile et Florentin contactent alors Véronique Bouchard, conseillère en système laitier et fourrage à la chambre d’agriculture du Rhône.
La première décision majeure est de changer le système fourrager, remplaçant progressivement le maïs-foin par un système basé sur l’herbe et la luzerne, avec un séchage en grange garantissant la qualité du foin. Les surfaces de maïs sont converties en prairies temporaires valorisées par des génisses pour la viande. En parallèle, une deuxième décision est prise : le changement progressif de race vers la Simmenthal, une race mixte produisant du lait et de la viande. Les génisses et vaches de réforme seront valorisées en circuit court dans la région lyonnaise.
Leur démarche pour réduire les intrants et tendre vers un système plus autonome et sûr implique de nombreuses rencontres avec des experts. Il est crucial d’adapter les techniques génériques aux spécificités de leur exploitation, en particulier le caractère séchant de leurs terres.
Le passage vers un nouveau système d’exploitation est un processus complexe, mais après quelques mois d’ajustements, Cécile et Pierre-Olivier parient que le changement du système fourrager et de race améliorera leurs marges. La production laitière par vache peut diminuer, mais les coûts de production baisseront grâce à une autonomie accrue en protéines. La transition sur plusieurs années vise également à minimiser les risques.
Évoluer et s’adapter aux particularités du territoire, notamment au climat, demande un temps de réflexion. Il n’existe pas de recettes toutes faites pour mettre en place un nouveau système d’exploitation. Les changements opérés par le GAEC Les Vaches Dorées ont permis à l’exploitation de gagner en cohérence et autonomie, s’engageant ainsi dans une transition agroécologique.
La prise de risque, bien réelle, devrait s’avérer économiquement payante tout en présentant des avantages humains et environnementaux. En approchant le système d’exploitation dans son ensemble, ces agriculteurs ont réussi à enclencher une dynamique de changement progressif, économiquement satisfaisante, tout en valorisant mieux le potentiel de leurs terres. Avec les fluctuations des marchés économiques et les pressions environnementales et foncières, de nombreux agriculteurs pourraient bien avoir besoin d’adapter leurs exploitations aux défis à venir.
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