Science et poésie : dire le trauma crânien

La poésie : un pont entre science et émotion

La santé est souvent abordée sous un prisme factuel, chiffré, un cadre indispensable pour comprendre et agir. Pourtant, les chiffres seuls ne suffisent pas à traduire l’expérience humaine. La poésie, elle, a ce pouvoir unique : celui de parler directement à nos émotions, de donner une voix à l’indicible et de faire résonner les récits personnels au-delà des mots.

Donner la parole à celles et ceux qui transforment l’épreuve en art

Nous avons l’honneur de partager aujourd’hui les mots de Florence Borsier, qui après un accident qui bouleversa sa vie, a trouvé dans la poésie un moyen d’exprimer l’indicible, de redonner une voix à ce qui semblait perdu, et de reconnecter les expériences humaines à travers l’art.

Ses poèmes, empreints d’émotion et de résilience, racontent une histoire universelle : celle de la reconstruction, de la mémoire et de l’espoir. À travers ses écrits, Florence nous invite à réfléchir autrement sur la santé, à explorer les impacts invisibles des épreuves, et à reconnaître la force des mots comme vecteurs de compréhension et de guérison.

Nous sommes fiers de donner la parole à Florence, qui, par son art, éclaire des thématiques souvent peu visibles et ouvre un espace d’écoute et de réflexion pour tous.

« Mon rapport intime à la poésie remonte à mon adolescence. Elle était pour moi une alliée, un refuge et un espace de création. Mais tout s’est interrompu brutalement il y a 12 ans, après une chute sur mon lieu de travail qui causa un traumatisme crânien. Ma mémoire s’effaçait, marcher devenait difficile, et ma tête semblait en morceaux. La poésie, elle aussi, s’envola.

Il m’a fallu plusieurs années pour retrouver ce lien. Lorsque la poésie est revenue dans ma vie, elle m’a aidée à redécouvrir ma voix et à reprendre ma route. Ces vers sont les premiers d’une renaissance intérieure, d’un dialogue renouvelé avec moi-même et avec les autres.

Il y a trois ans, ma rencontre avec les sociologues Anastasia Meidani et Arnaud Alessandrin a marqué une nouvelle étape. À travers leurs recherches sur le traumatisme crânien, j’ai partagé mon témoignage, puis aidé d’autres personnes à faire entendre leur voix, notamment via l’association des familles de traumatisés crâniens de la Sarthe. Ces échanges ont donné naissance à des collaborations précieuses, comme l’écriture d’articles de recherche ou ma participation au congrès AGAPES.

Aujourd’hui, en tant que membre du conseil d’administration de France Cérébrolésion, je continue de témoigner, de partager, et de porter la parole de celles et ceux touchés par ce handicap invisible. À travers ce projet de poésie, j’espère toucher les cœurs, sensibiliser aux réalités du traumatisme crânien et montrer combien l’art, et en particulier la poésie, peut compléter la science en humanisant l’information. »

Florence Borsier

                              Cavalcade

Oh mais combien seule
Front à l’abandon
Comme ces glaïeuls
A morte saison.

Lors qui me regarde
En mélancolie
Ah mais Dieu me garde
C’est déjà fini.

Il en restera
Quelques mots diserts
Ecrits ci ou là
Quelques petits vers.

Se bousculeront
Loin de moi déjà
A morte saison
Emboîtant le pas.

Jusqu’à ces glaïeuls
Front à l’abandon
Oh mais combien seuls
Qui vite liront.

Lors qui les regarde
En mélancolie
Ah mais Dieu les garde
C’est déjà fini.

Vite s’enfuiront
Quelques mots diserts
Vite bondiront
Quelques petits vers…

C’est un chemin unique

C’est un chemin unique, année après année,
Un chemin identique que mes pas ont foulé.
Bien sûr, j’y ai connu la course des saisons
Dans le vol des oiseaux, dans le cœur des buissons.

Vous me direz pourquoi ? Pourquoi cette allégeance,
Ne pas aller ailleurs pour rencontrer la chance ?
Oh ! ce n’est pas un choix mais une nécessité
Car mon cerveau se vide ainsi qu’un sac percé,

Lors il n’est pas aisé de détourner ses pas !
Je sais, vous y voyez au fond comme un trépas,
Un pensum si terrible, une punition sans fin ;
Telle Sisyphe, je reprends sans cesse le même chemin…

Et pourtant, en mon cœur, peu à peu je l’ai su
Le bonheur est ici parmi ce déjà-vu,
Dans ce petit écrin palpite le cœur du monde !
Alors, est-il besoin d’en agrandir la ronde ?

En savoir plus sur Florence Borsier

Appel à projet – Poésies sur la santé globale

Votre voix, vos mots, vos histoires : partagez vos poèmes sur la santé

Vous écrivez des poèmes qui explorent les thématiques de la santé globale, qu’il s’agisse de santé mentale, sociale ou affective ? Vous souhaitez partager votre regard, vos émotions, ou vos expériences avec un public sensible à ces questions ?

Nous lançons un appel à projet pour diffuser des poèmes qui touchent au cœur de ce que signifie « être humain » face aux défis de la santé. Que vous soyez touché directement ou indirectement par une épreuve, que vous soyez professionnel de la santé ou simple observateur, vos mots ont le pouvoir de sensibiliser, d’éclairer et d’unir.

Ce projet s’inscrit dans une volonté de rendre la santé plus humaine, plus accessible, en donnant la parole à des voix singulières. Vos poèmes peuvent aborder des thématiques comme :

  • La santé mentale et ses impacts sur le quotidien,
  • La résilience face aux maladies ou aux handicaps,
  • Les liens entre santé sociale et solidarité,
  • Les expériences de soin et de reconstruction,
  • Toute autre réflexion autour de l’être humain et de sa santé.

Comment participer ?
Envoyez-nous vos poèmes avant à troispetitspoints.debat(at)gmail.com.
N’oubliez pas d’inclure une courte biographie et de nous préciser, si vous le souhaitez, le contexte ou l’histoire derrière vos mots.

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